07/06/2025
đ”đŽ Statue du Lefem Ă l'effigie d'un chef
Cameroun, Bangwa (Fontem departement du Lebialem).
Tant son imposante coiffure que son collier de dents de lĂ©opard autour du cou et ses bracelets de cheville dĂ©montrent le statut de cette statuetteâportrait de roi. Celui-ci est reprĂ©sentĂ© debout jambes Ă©cartĂ©es, la main droite tenant une calebasse Ă long col.
Symbole du pouvoir royal et emblĂšme de la puissante sociĂ©tĂ© secrĂšte Lefem, ce portrait commĂ©moratif de roi se rattache à « une poignĂ©e d'Ćuvres exceptionnelles »1 qui se caractĂ©risent par un traitement «expressionniste» du corps, rare dans la sculpture africaine.
EmblĂ©matique par son histoire, la richesse de son iconographie et lâintensitĂ© de sa prĂ©sence illustrant la puissance visuelle des productions plastiques bangwa, cette Ćuvre tĂ©moigne de lâextraordinaire inventivitĂ© des sculpteurs du Grassland camerounais qui ont su saisir, dans la « violente et nĂ©anmoins sensible » expression des visages et des corps, toute la « vitalitĂ© sensuelle et la tension spirituelle » de ces effigies. Par les symboles quâelles vĂ©hiculent et les traditions dont elles tĂ©moignent, « les Ćuvres bangwa nâont pas seulement valeur historique, elles offrent Ă©galement une voie dâaccĂšs Ă la comprĂ©hension du prĂ©sent. »
Ătablis au 16e siĂšcle dans les hautes terres du sud-ouest du Grassland, vaste territoire constituĂ© de hauts plateaux volcaniques Ă lâouest du Cameroun, les Bangwa sont divisĂ©s en neuf micro-Ă©tats souverains ou royaumes indĂ©pendants. RestĂ©es relativement isolĂ©es jusque dans les annĂ©es 19605, ces entitĂ©s politiques qualifiĂ©es de « chefferies » Ă lâĂ©poque coloniale furent regroupĂ©es administrativement sous le nom gĂ©nĂ©rique de Bangwa6. La statue du roi provient du royaume Lebang ou Fontem, cette seconde dĂ©nomination associĂ©e au nom de la dynastie rĂ©gnante7 Ă©tant la plus couramment admise dans les Ă©tudes consacrĂ©es aux chefferies de lâouest camerounais.
Symbole du pouvoir royal et emblĂšme de la puissante sociĂ©tĂ© secrĂšte Lefem, ce portrait commĂ©moratif de roi se rattache à « une poignĂ©e d'Ćuvres exceptionnelles »1 qui se caractĂ©risent par un traitement «expressionniste» du corps, rare dans la sculpture africaine.
EmblĂ©matique par son histoire, la richesse de son iconographie et lâintensitĂ© de sa prĂ©sence illustrant la puissance visuelle des productions plastiques bangwa, cette Ćuvre tĂ©moigne de lâextraordinaire inventivitĂ© des sculpteurs du Grassland camerounais qui ont su saisir, dans la « violente et nĂ©anmoins sensible » expression des visages et des corps, toute la « vitalitĂ© sensuelle et la tension spirituelle " de ces effigies. Par les symboles quâelles vĂ©hiculent et les traditions dont elles tĂ©moignent, « les Ćuvres bangwa nâont pas seulement valeur historique, elles offrent Ă©galement une voie dâaccĂšs Ă la comprĂ©hension du prĂ©sent. »
Ătablis au 16e siĂšcle4 dans les hautes terres du sud-ouest du Grassland, vaste territoire constituĂ© de hauts plateaux volcaniques Ă lâouest du Cameroun, les Bangwa sont divisĂ©s en neuf micro-Ă©tats souverains ou royaumes indĂ©pendants. RestĂ©es relativement isolĂ©es jusque dans les annĂ©es 1960, ces entitĂ©s politiques qualifiĂ©es de « chefferies » Ă lâĂ©poque coloniale furent regroupĂ©es administrativement sous le nom gĂ©nĂ©rique de Bangwa6. La statue du roi provient du royaume Lebang ou Fontem, cette seconde dĂ©nomination associĂ©e au nom de la dynastie rĂ©gnante7 Ă©tant la plus couramment admise dans les Ă©tudes consacrĂ©es aux chefferies de lâouest camerounais.
Les statues lefem ou Fontem
Commandées par le fwa ou Fo'o au sculpteur considéré comme le plus habile du royaume, ce type de statues appelées lefem constituent des portraits royaux associés à un souverain particulier, à un membre de la famille royale ou de son entourage (reines et reines mÚres, princesses, épouses favorites, mÚres de jumeaux ou hauts dignitaires particuliÚrement dévoués). Les statues lefem se rattachent également à la société secrÚte éponyme - désignée par le terme de Gong Society par Robert Brain et Adam Po***ck - composée de membres de la famille royale et de hauts dignitaires auxquels était confiée la garde de ces effigies.
Bien plus que de simples portraits, ces statues Ă©taient considĂ©rĂ©es comme des intermĂ©diaires vivantes du roi ou de lâindividu reprĂ©sentĂ©. LiĂ©es aux cultes rendus aux ancĂȘtres royaux, ces statues nâĂ©taient prĂ©sentĂ©es au public qu'aprĂšs certains rituels liĂ©s Ă des interdits alimentaires et sexuels. Comme dans les autres royaumes des Grassland, elles apparaissaient essentiellement lors des funĂ©railles et des cĂ©rĂ©monies dâintronisation dâun fwa ou Fo'o afin dâassurer la lĂ©gitimitĂ© et la continuitĂ© du pouvoir royal ancestral. Elles Ă©taient Ă©galement exposĂ©es lors des performances des gongs liĂ©s Ă la sociĂ©tĂ© Lefem ou Fontem.
L e couvre-chef Ă structure bilobĂ©e constituĂ©e dâune multitude de petites excroissances caractĂ©ristiques est typique des coiffes portĂ©es par les hommes libres27 et les dirigeants bangwa. Si la structure et la couleur de ces coiffes de prestige indiquent le rang et la prĂ©sĂ©ance de leur porteur, le caractĂšre particuliĂšrement imposant de cette parure de tĂȘte, participant Ă la majestĂ© de la reprĂ©sentation, renvoie Ă une personnalitĂ© Ă©minemment importante.
Le collier de prestige en dents de léopard et en perles de verre obtenues dans le cadre du commerce et de la traite, les bracelets en ivoire, portés exclusivement par le roi28, et la calebasse servant à contenir le vin de palme viennent compléter cette description. Les épaules robustes et le sexe apparent29, symbolisant la puissance et la fertilité du souverain, évoquent sa capacité à assurer richesse, fécondité et pérennité à sa communauté.
Les dents de lĂ©opard constituant le collier (portĂ©s par le roi, les dignitaires de haut rang et les mĂšres de jumeaux lors des cĂ©rĂ©monies), les pieds conçus comme des pattes de fĂ©lin, les dents taillĂ©es en pointe et les ornements de chevilles, probablement en peau de lĂ©opard31, renvoient Ă la capacitĂ© du roi Ă prendre lâapparence et les aptitudes de son double animal, le fwa Ă©tant associĂ© Ă la puissance et Ă la fĂ©rocitĂ© du lĂ©opard. Symbole Ă©minent du pouvoir royal, le lĂ©opard Ă©tait Ă©galement liĂ© Ă la sociĂ©tĂ© Lefem. Tout comme les dĂ©fenses dâĂ©lĂ©phant, chaque lĂ©opard tuĂ© revenait au fwa Ă qui Ă©taient rĂ©servĂ© la fourrure, les moustaches et les crocs.
Collectée à Fontem par Gustav Conrau entre 1898 et 1899
Ancienne collection Museum fĂŒr Völkerkunde, Berlin (Inv. III C10518)
Ancienne collection Arthur Speyer II (1894-1958), Berlin.
© Je Suis Bamileke , I Am Grassfield