Décoder les églises et châteaux forts

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Décoder les églises et châteaux forts Les clés pour comprendre les monuments du Moyen Âge.

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Il y a deux semaines, j’ai été invité sur la chaîne YouTube Arcana. Voici quelques leçons tirées de cet exercice diffici...
02/05/2025

Il y a deux semaines, j’ai été invité sur la chaîne YouTube Arcana. Voici quelques leçons tirées de cet exercice difficile pour moi.

Ludovic Richer, créateur de la remarquable chaîne Arcana, m’a interviewé pendant 1 h 30 sur les châteaux forts. Parler en public ne me pose pas de problème : j’ai l’habitude des conférences et des visites guidées. Mais l’interview est un exercice plus délicat. Je ne maîtrise ni le déroulé, ni les questions. Voici quelques conseils pour celles et ceux qui se retrouveraient dans la même situation :

- Se préparer intellectuellement : la veille de l’enregistrement, j’ai relu l’intégralité de mon livre "Décoder les châteaux forts" (à paraître dans quelques mois). J’étais donc plutôt prêt, en tout cas sur le plan des connaissances. Quoique...

- Assumer son ignorance : Ludovic m’a posé quelques questions auxquelles je n’avais pas de réponse. On m’entend alors broder, hésiter. Je n’ai pas osé dire que je ne savais pas, ce qui aurait pourtant été plus simple et plus honnête. A la différence d'un homme politique, je n’ai pas à avoir réponse à tout.

- Se défaire des tics de comportement : sous l’effet du stress, certains gestes parasites peuvent surgir. Durant l’interview, j’ai réussi à éviter de pivoter nerveusement sur mon siège. Bien. Mais à l’écoute d’une question délicate, je me mets à papillonner des cheveux. Non, ce n’était pas pour vous charmer 😬 .

- Prévoir une bouteille d’eau : on ne mesure pas à quel point les micros captent les bruits de bouche causés par un palais asséché.

- Soigner l’image et le son : pour le confort des spectateurs, mieux vaut disposer d’un bon micro, d’un éclairage correct et d’un arrière-plan agréable. Cela donne aussi une image plus professionnelle. Dans mon cas, tout était plutôt en place… sauf la définition de la we**am, restée en qualité standard, dans la précipitation du démarrage de l’interview. D’où une image un peu floue.

- Anticiper les questions : à la différence d’une conférence, on avance ici dans une certaine incertitude. Mais on peut regagner un peu de contrôle en imaginant les questions possibles. J’avais deviné que Ludovic me demanderait pourquoi les châteaux forts me passionnent. Bien vu : c’était précisément sa première question. J’avais donc une réponse prête. Ce qui compense les réponses où je suis beaucoup moins fluide.

Alors, une interview ratée ? Non. Même si plusieurs points restent à améliorer, elle s’est bien passée. Le mot qui revient le plus souvent dans les commentaires est « passionnant ». C’est encourageant. Je me prêterai donc de nouveau à l’exercice, pour progresser… et pour réenchanter vos visites.

La Bible laisse parfois sur notre faim. Par exemple, les quatre évangélistes ne disent rien sur le mariage de la mère de...
29/04/2025

La Bible laisse parfois sur notre faim. Par exemple, les quatre évangélistes ne disent rien sur le mariage de la mère de Jésus, la Vierge Marie. Cette lacune n’a pas empêché les peintres de traiter l’événement.

Pour peindre ce tableau, l’Italien Le Pérugin s’est nourri de quelques récits légendaires qui circulaient sur le mariage de la Vierge. Selon eux, le grand prêtre organisa une sorte de concours. Les prétendants à la main de Marie devaient venir avec une baguette. Par un signe, Dieu indiquerait son choix. Or, la baguette d’un prétendant se mit à fleurir. Il s’agissait pourtant d’un homme âge, Joseph.

Marie et Joseph s’épousèrent. Le tableau montre, à gauche, les autres hommes casser leur baguette par dépit pendant que Marie et Joseph échangent l’anneau nuptial.

Anneau que revendiquait posséder la cathédrale de Pérouse. On ne s’étonnera donc pas que ce tableau ornât l’église italienne. Aujourd’hui, il se trouve au musée des Beaux-Arts de Caen.

Une voûte est un ouvrage courbe de maçonnerie, destiné à couvrir un volume. Utilisée au Moyen Âge, elle est particulière...
27/04/2025

Une voûte est un ouvrage courbe de maçonnerie, destiné à couvrir un volume. Utilisée au Moyen Âge, elle est particulièrement adoptée dans les églises. Quelle est la raison de leur succès ? Quelles sont les différences familles ?...

Une voûte est un ouvrage courbe de maçonnerie, destiné à couvrir un volume. Utilisée au Moyen Âge, elle est particulièrement adoptée dans les églises. Quelle est la raison de leur succès ? Quelles sont les différences familles ?

Un détail m'a gêné sur ce vitrail : un cercle parasite la gorge de l'homme. Je pensais à un trou qu’un grossier restaura...
25/04/2025

Un détail m'a gêné sur ce vitrail : un cercle parasite la gorge de l'homme. Je pensais à un trou qu’un grossier restaurateur a bouché. Pas du tout.

Ce cercle incongru est en fait une hostie, petite rondelle de pain, symbolisant le corps du Christ, et distribuée aux fidèles lors de la messe.

Ce détail de vitrail illustre en fait un miracle dit « de l’Eucharistie ». Qui se révèle en fait un miracle à l’envers.

Notre homme, agité, est un pécheur. Or il a communié (autrement dit, il a accepté et avalé l’hostie) alors qu’il n’avait pas reçu l’absolution de ses péchés. À cette époque, c’est un sacrilège. Il faut se confesser avant de communier ! Pour sa faute, le pécheur est puni : sa gorge s’entaille, faisant ressortir l’hostie. Selon le récit du miracle, il meurt sur l’instant.

Aucun doute : nous sommes face une scène pédagogique à l’égard des fidèles : ceux qui ne respectent pas les rites du christianisme mettent au péril leur vie.

Notez enfin cette subtilité. L’hostie ressort du corps en perçant la gorge au lieu d’être vomie. Il aurait été dégradant de montrer le corps du Christ ainsi expulsé.

Ce qui paraissait un défaut du vitrail se révèle un châtiment.

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Verrière des miracles de l’Eucharistie, église Saint-Ouen de Pont-Audemer (Eure), vers 1515

Les Crucifixions sont très courantes dans les églises. Autant savoir les analyser lors de vos visites. Vous aurez la sat...
22/04/2025

Les Crucifixions sont très courantes dans les églises. Autant savoir les analyser lors de vos visites. Vous aurez la satisfaction de remarquer de subtiles différences entre les sculptures.

Posez-vous ces questions :

- Est-ce que la tête du Christ penche ? De quel côté ? (je vous souffle : toujours à gauche)

- Le corps est-il droit ou un peu brisé ?

- Les yeux sont-ils fermés ?

- Les jambes sont-elles parallèles ou croisées ?

- Les pieds sont-ils fixés par un ou deux clous ? Vous constaterez le choix du clou unique sauf pour les Christs anciens (romans). Vous détenez là une clé de datation.

- Est-il nu ou peint ? Attention, la peinture a pu disparaître.

Ici, il s’agit du Christ de la cathédrale de Saint-Flour (Cantal). Ses pieds sont percés d’un clou unique, indice de son ancienneté (XIIe siècle environ). Le corps est étrangement noir. De là, on l’a rapproché des Vierges noires, assez fréquentes en Auvergne, qui ont fait couler beaucoup d'encre.

Ne nous emballons cependant pas : une analyse récente de la matière a conclu à la pose récente de cette couleur (XIXe siècle). À l’origine, le Christ avait bien une couleur chair et son vêtement (perizonium) était bleu, parsemé de fleurs !

́drale

- Aujourd’hui, je vous présente des anges.- On avait remarqué… Un ange, c’est facile à reconnaître : ils ont deux ailes....
20/04/2025

- Aujourd’hui, je vous présente des anges.
- On avait remarqué… Un ange, c’est facile à reconnaître : ils ont deux ailes.
- Pourtant, le deuxième en a quatre et le troisième six.
- C’est quand même des anges…
- Plus exactement, l’être à 4 ailes s’appelle un chérubin. Quand il a six ailes, c’est un séraphin. Il y a une hiérarchie dans le monde angélique. Les séraphins et les chérubins sont les anges qui vivent dans le Ciel au plus près de Dieu.
- Pourquoi le deuxième tient un personnage ?
- C’est un ange psychopompe.
- C’est un cousin de l’ange psychopathe ?
- L’ange psychopompe emporte au ciel les âmes, symbolisées par ses petits personnages
- Et le 4e qu’est-ce qu’il fait ?
- Il agite un encensoir. C’est donc un ange thuriféraire.
- En fait, ils sont chacun leur petit nom.
- C’est ça qui est intéressant à observer chez les anges. Ils ne sont pas si semblables. Chacun a une fonction dans la cour céleste. Le premier est par exemple un ange adorateur.
- Intéressant. J’y ferai plus attention lors de ma prochaine visite. Sinon, je m’inquiète pour toi : parler à une deuxième personne dans ta tête, et en faire une publication pour réseaux sociaux, ça me laisse dubitatif 😉…

Cette vénérable armoire est l’une des plus anciennes de France (XIIe siècle). Elle se trouve dans une église. Mais pourq...
18/04/2025

Cette vénérable armoire est l’une des plus anciennes de France (XIIe siècle). Elle se trouve dans une église. Mais pourquoi y mettre un tel meuble ?
L’église appartenait précisément au monastère cistercien d’Aubazine (Limousin). Les moines y entreposaient probablement des archives, des reliques ou plus généralement leur trésor, c’est-à-dire des objets liturgiques précieux comme des calices.

Étant donné le contenu, les artisans ont soigné le contenant. Tandis que le huchier (le menuisier) composait les panneaux latéraux en arcatures romanes, le serrurier posait sur la façade des serrures (bien sûr) mais aussi les belles pentures horizontales.

À propos de ces ferrures, Sandrine Zilli, experte du mobilier ancien, m’a révélé, à travers son blog histoiredumobilier.com, un détail qui m’avait échappé. Leurs extrémités médianes sont été enlevées (le format de la photo ne permet pas de bien le voir malheureusement). Certainement qu’à la Révolution française, ces courbes décoratives ont provoqué le regard de certains fidèles : leur forme évoquait les royales fleurs de lys.

À défaut de photographies, la peinture nous permet de nous glisser dans certains grands événements du Moyen Âge. En l’oc...
15/04/2025

À défaut de photographies, la peinture nous permet de nous glisser dans certains grands événements du Moyen Âge. En l’occurrence, nous assistons en l’an 1498 au sacre du roi de France, Louis XII, le prédécesseur de François 1er. Décodons cette image.

Manteau semé de fleurs de lys, le roi est agenouillé dans le chœur de la cathédrale de Reims, lieu habituel de la cérémonie.

L’entourent les pairs de France, c’est-à-dire les plus grands aristocrates du royaume. D’un côté, les pairs ecclésiastiques comme l’archevêque de Reims. De l’autre les pairs laïcs (des ducs et des comtes)

Plusieurs tiennent les regalia, objets associés au pouvoir royal. Retrouvez :

- l’épée (facile),
- l’anneau,
- la couronne,
- le sceptre
- la cotte d’armes, elle aussi semée de fleurs de lys
- les éperons
- la ceinture (vous la voyez ?)

Un évêque montre la sainte Ampoule - une fiole en fait - qui contient l'huile du sacre.

Cependant, un détail me perturbe dans ce panneau conservé au musée du Moyen Âge à Paris : comme les apôtres, les pairs sont traditionnellement 12. Or, il en manque un parmi les pairs laïcs...

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L’architecte Viollet-le-Duc aime passionnément le Moyen Âge et son architecture. Parmi les raisons qu’il donne, il y a… ...
13/04/2025

L’architecte Viollet-le-Duc aime passionnément le Moyen Âge et son architecture. Parmi les raisons qu’il donne, il y a… les latrines.

Dans son célèbre Dictionnaire raisonné de l’architecture française, il accorde non seulement une entrée aux latrines mais il en fait l’éloge.

Que dit-il ? Au temps des chevaliers, les châteaux forts ne manquaient pas de latrines pour tout le monde : les seigneurs, la garnison et les valets. Alors qu’à Versailles, « les seigneurs de la cour de Louis XIV se trouvaient dans la nécessité de se mettre à leur aise dans les corridors, faute de cabinets ». Car il ne fallait surtout pas que les tours de latrines gâchent la belle symétrie des façades de l’architecture classique.

Dans les latrines médiévales, Eugène Viollet-le-Duc admirait le système de ventilation pour éloigner les mauvaises odeurs et les fosses dont « la vidange pouvait se faire sans incommoder les habitants ».

Il faut reconnaître cependant que la plupart se réduisaient au dispositif rudimentaire de la photo : une construction en saillie, un trou à l’intérieur et les excréments tombaient dans le fossé.

Pas sûr que Versailles fût aussi rudimentaire.

À la fin du Moyen Âge, les peintres essaient de faire des portraits réalistes de leur sujet. Ici, le roi de France Charl...
11/04/2025

À la fin du Moyen Âge, les peintres essaient de faire des portraits réalistes de leur sujet. Ici, le roi de France Charles VII n’en sort pas flatté.

Petits yeux, nez proéminent, Charles VII semble avoir un gros coup de fatigue au regard de ses cernes. En prime, on ne peut pas dire qu’il rayonne de joie et de santé. Dans son souci de réalisme, le portraitiste Jean Fouquet ne semble pas avoir été tendre avec son modèle.

Les historiens se sont abusivement appuyés sur ce tableau pour considérer Charles VII comme un roi falot. Rappelons quand même sa difficile situation de départ et la façon dont il s’en est sorti.

- En 1420, ses parents Charles VI et Isabeau de Bavière l’écartent de la succession au trône de France bien qu’il soit le dauphin.

- Après la mort de son père, il devient donc le souverain d’un royaume croupion, le royaume de Bourges

- Après le concours de Jeanne d’Arc et d’autres, il renverse le cours de la guerre de Cent Ans. Dès 1453, les Anglais sont presque totalement chassés du royaume de France et son autorité est pleinement reconnue.

- À la fin de son règne, l’État est mieux administré, dispose d’une armée permanente et de revenus réguliers grâce à un impôt direct.

C’est pourquoi l’inscription en haut du cadre surnomme le roi « le très victorieux ».

Et puis, si on regarde attentivement ce portrait, on peut deviner quelques aspects plus flatteurs : le roi porte une jaquette rouge qui élargit sa carrure. Et surtout, malgré la cinquantaine d’années du modèle, Jean Fouquet l’a dépourvu de rides.

Déjà au XVe siècle, on faisait de la retouche photo.

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Jean Fouquet, Charles VII, vers 1455, huile sur bois, musée du Louvre

Aujourd'hui je proteste contre une expression reprise par certains guides : ils comparent parfois les églises à une « Bi...
08/04/2025

Aujourd'hui je proteste contre une expression reprise par certains guides : ils comparent parfois les églises à une « Bible des illettrés ».

À une époque où la majorité de la population était illettrée, les sculptures, les peintures et les vitraux religieux seraient censés enseigner l’histoire sainte à ceux qui ne pouvaient pas lire la Bible.

À regarder ces représentations, je doute que les illettrés y comprissent toujours quelque chose. Parfois, les images sont trop petites pour être lisibles du sol. Parfois, elles suivent des programmes iconographiques si complexes que seuls des clercs peuvent déchiffrer la subtilité du message.

Non, on ne peut pas réduire la décoration des églises à une Bible illustrée de pierre ou de peinture. Plus qu’à une fonction pédagogique, ces images visent d’abord à matérialiser le divin, à donner à voir le sacré et à éblouir les fidèles.

Qu’ils comprennent ou non les scènes représentées, ce n’est pas le principal. L’important est qu’ils ressentent leur entrée dans un espace sacré et pensent, à travers les images, se connecter plus aisément à Dieu.

Ces fidèles n’attendaient pas une leçon de catéchisme.

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Photo : portail de la Calende, cathédrale de .

L'année dernière, j'ai visité l'abbaye du Bec en Normandie. Voici les 5 choses qui m'ont marqué :- l'abbaye est encore o...
28/03/2025

L'année dernière, j'ai visité l'abbaye du Bec en Normandie. Voici les 5 choses qui m'ont marqué :

- l'abbaye est encore occupée par des moines bénédictins. Ce sont même eux qui font la visite des lieux

- Quelle dommage qu'il ne reste plus rien de l'église ! Détruite au début du XIXe siècle, elle mesurait autant que la cathédrale Notre-Dame de Paris

- De l'église gothique, reste néanmoins le clocher qui avait la particularité d'être indépendant

- Faute d'église, les moines ont installé leur chapelle dans l'ancien réfectoire.

- L'abbaye fut sauvé d'une destruction complète par sa conversion au XIXe siècle en écuries pour les chevaux de l'armée napoléonienne.

Vous pouvez visiter cette abbaye librement sauf les espaces conventuels autour du cloître.

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Pendant longtemps, je n’ai pas su pleinement apprécier la visite des cathédrales, des abbayes, des églises, et des châteaux forts. Je trouvais cela beau, impressionnant mais je ne savais pas dire pourquoi. Je ne savais pas où posait mon regard. J’avais le sentiment de passer à côté de trucs importants à voir.

Aujourd’hui, je prends beaucoup de plaisir à visiter la moindre petite église ou même un donjon en ruine. Je suis capable de décrypter ces édifices mystérieux, de comprendre la raison de leur architecture et de trouver le détail curieux que la plupart des touristes ignorent. Mon expérience, mes astuces et mes conseils, je les partage avec vous sur mon site “Décoder les églises et les châteaux forts”.

Dans un premier temps, je vous invite à lire mon guide “Reconnaître les styles des églises”. A téléchargez gratuitement : https://decoder-eglises-chateaux.fr