10/07/2025
Président Bassirou Diomaye Faye :Diplomate ###L
« La diplomatie, c’est l’art de dire à quelqu’un d’aller en enfer de façon à ce qu’il vous demande la direction. »Winston Churchill
Il ne suffit pas d’être invité à la Maison Blanche pour marquer une rencontre. Il faut savoir lire la pièce, le moment, les regards. Et surtout, il faut savoir lire l’homme en face. Lors de l’échange entre Donald J. Trump et cinq chefs d’État africains le Président Bassirou Diomaye Faye a su conjuguer sobriété, hauteur et stratégie. Il n’a pas seulement représenté le Sénégal : il a incarné une diplomatie lucide, ancrée, résolue. Il a parlé peu, mais il a pesé chaque mot. Il a décrypté les codes implicites de Trump, et placé son pays sur la carte stratégique sans hausser le ton, sans s’aligner, sans se perdre.
Cerner Trump exige autre chose que des notes préparatoires. Il faut comprendre sa grammaire. Le président américain valorise l’audace, la clarté, l’instinct. Il méprise les discours creux et l’inertie bureaucratique. Il attend qu’on lui parle vite, simple, et avec un gain à la clé. Pour s’adresser à lui sans se faire absorber, il faut maîtriser l’art du tempo, capter son attention sans l’imiter, et surtout proposer des choses concrètes.
C’est exactement ce qu’a fait le Président Diomaye. Il est intervenu en dernier, après avoir observé et écouté. Une posture stratégique, maîtrisée. Et quand il a parlé, ce fut bref, précis, dense. Il a mis sur la table deux offres claires : Digital City, pour positionner le Sénégal comme hub technologique et l’assessment géologique, pour valoriser nos ressources à travers un partenariat ciblé avec les États-Unis. Il n’est pas venu quémander il a proposé. Il a parlé dans une langue que Trump comprend : efficacité, retour sur investissement, visibilité.
Mais la vraie finesse a été ailleurs. Dans sa capacité à établir une complicité sans se compromettre. En évoquant le tourisme, Diomaye ne cherche pas la flatterie : il expose une réalité. Les touristes américains figurent parmi les plus gros dépensiers au monde. Le Sénégal, avec sa stabilité, son littoral, sa culture, peut leur offrir une destination haut de gamme, exclusive et durable. En mentionnant le golf, passion personnelle de Trump, il ne cède pas à la légèreté. Il ouvre une piste d’investissement réaliste et bien ciblée. Il transforme un détail intime en levier d’attractivité économique. Sans jamais s’abaisser, ni jouer la carte de l’émotion.
Et quand le journaliste évoque la possibilité d’un Prix Nobel de la Paix pour Donald Trump, Diomaye ne détourne pas la question. Il ne flatte pas. Il ne critique pas. Il rappelle posément que cette décision ne relève que du Comité Nobel ,une manière élégante de dépolitiser sans désavouer, d’éviter le piège tendu, et de rester digne là où bien des chefs d’État ont glissé.
Good job, Mr. President. Le swing, dirait un amateur de golf, ne se mesure pas à la force, mais à la précision.
Mohamadou Manel Fall
Ancien Directeur de la Promotion Touristique