
05/05/2025
Le 5 de mayo, le corps expéditionnaire français… et nos ancêtres Canadiens français.
En cette journée du 5 de mayo où les restaurants Tex-mex des quatre coins de l’Amérique du Nord feront des promotions sur les nachos et tacos au steak haché avec de la laitue et fromage orange, permettez-moi de vous glisser quelques notes plus pertinentes sur le contexte de cette date importante, ayant par ailleurs des liens avec quelques-uns de nos illustres ancêtres Canadiens français.
Mis à part dans l’État de Puebla, à une heure et demie au sud de la ville de Mexico, le 5 de mayo n’est pas une fête nationale, ni même un jour férié au Mexique. Cette journée souligne la victoire d’une bataille de l’armée mexicaine sous le commandement du général Ignacio Zaragoza contre le corps expéditionnaire français en 1862. Les Mexicains, étant environ 2 000 de moins que les forces françaises cette journée, gagnèrent cette bataille, qui un peu comme chez nous à l’instar de la bataille de Sainte-Foy en 1760, ne changera rien à l'issue du conflit. Près de deux ans plus t**d, Napoléon III réussit à mettre le prince impérial Maximilien de Habsbourg sur l’éphémère trône du Second Empire mexicain (1864-1867). C’est à la suite de cette victoire du 5 mai 1862 que la ville anciennement connue comme Puebla de los Angeles devient officiellement la « Heroica Puebla de Zaragoza ». Il s’agissait ici de la seconde expédition française au Mexique au 19e siècle, la première, également connue comme « la guerre des Pâtisseries », sans grande envergure, avait eu lieu en 1838-1839.
On dit que cette seconde intervention était française, car elle était sous la houlette de Napoléon III, mais elle ratissait beaucoup large. Premièrement soutenues par les Britanniques et les Espagnols jusqu’en 1862, plusieurs personnes de diverses nationalités prendront les armes pour la France au Mexique. Tout comme certains Canadiens français s’étant enrôlés dans l’armée de l’Union américaine durant la guerre civile au même moment, où dans les rangs des Zouaves pontificaux, l’appel de la France résonnât chez quelques-uns de nos compatriotes du 19e siècle.
Le plus connu de ces engagés est l’homme de lettres Faucher de Saint-Maurice, non pas en raison de ses prouesses militaires, mais plutôt parce qu’il publie en 1874 ses aventures mexicaines dans « De Québec à Mexico », un carnet de voyage en deux volumes. En 1889, il publie également « Notes pour servir à l'histoire de l'empereur Maximilien ». Mais ce littérateur, fonctionnaire et politicien de Québec n’est pas le seul à avoir répondu à l’appel de l’ancienne mère patrie. Eugène-Arthur Taschereau, futur aide de camp du Lieutenant-gouverneur Sir Narcisse-Fortunat Belleau et membre de l’illustre famille libérale au même patronyme, prit également les armes pour servir Napoléon III et Maximilien 1er. Les quelques notions d’espagnol apprises lors de son expédition l’aideront à être nommé vice-consul honoraire d’Espagne à Québec, lors de l’éphémère premier déménagement du consulat général d’Espagne de Québec à Montréal en 1870. Du côté de Montréal, on compte aussi un illustre ancien combattant du corps expéditionnaire français, soit Honoré Beaugrand, homme de lettres et maire de Montréal de 1885 à 1887. Ce dernier et Faucher de Saint-Maurice feront d’ailleurs connaissance pour la première fois au Mexique!
Contrairement au musicien national Calixa Lavallée qui s’était enrôlé dans l’armée de l’Union américaine, on ne peut pas dire que Faucher de Saint-Maurice, Taschereau et Beaugrand se soient battus pour le bon côté de l’histoire. En 1867, le régime fantoche de Maximilien 1er s’effondre sous la révolte du peuple mexicain, rétablissant la république et de surcroit la présidence de Benito Juarez.
En cette période de négociation sur une possible confédération canadienne, il est important de se rappeler que nos trois comparses ne se sont pas battus que pour la France, ils se sont battus pour la France impériale. À cette époque, les idées radicales de Beaugrand ne sont pas encore forgées. Certes, il y aura plusieurs rouges qui prôneront à cette époque une république canadienne, mais cette idée ne reflète pas nécessairement le désir de la majorité. La création du Dominion du Canada en 1867 ne se fera pas dans le plein respect de la nation canadienne-française, mais il est important de se rappeler que, plus de cent chandelles ont été soufflées depuis la fin du Régime français. In the grand scheme of things, bien que sujets britanniques, et malgré l’attachement à la France, un grand nombre de Canadiens français préféraient toutefois avoir un monarque britannique comme chef d’État et de pouvoir j***r des avantages de faire partie du du Second Empire dans l’histoire sur lequel le soleil ne se couche jamais*, que de vivre sous une simple et anodine république. Autres temps, autres mœurs!
À noter aussi que le À noter que le look de Faucher de Saint-Maurice, comme plusieurs Canadiens français de l’époque, est ouvertement inspiré de Napoléon III. Le look de Taschereau lui, est complètement Maximilien. Beaugrand, quant à lui, a plutôt l’air d’un Emiliano Zapata en devenir!
*À l’origine, la phrase vient de l’expression espagnole « imperio en el que nunca se pone el sol », se référant l’empire espagnol à son apogée sous Charles Quint et Philippe II.
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