03/13/2025
**Quand ma mère a vidé sa maison il y a plus de 23 ans pour la vendre, je ne comprenais pas son attachement aux objets. Chaque week-end, je venais l’aider à trier : ce qui allait au vide-grenier, ce qui était à donner, ce qui devait être jeté. Mais je m’impatientais souvent devant le temps qu’elle mettait à décider.
Un jour, alors que nous vidions les placards de la cuisine, elle est restée figée devant une vieille marmite en fonte noire, la contemplant en silence pendant vingt minutes. Exaspéré, j’ai fini par lui dire :
— Maman, si on continue comme ça, on en a encore pour deux ans.
C’est là qu’elle m’a raconté l’histoire de cette marmite. Sa propre mère l’utilisait pour préparer des repas qu’elle déposait chez les voisins durant la Grande Dépression. Maman se chargeait des livraisons, et en retour, la marmite réapparaissait sur leur perron, accompagnée d’un tablier cousu main ou d’une sculpture en bois, un simple échange de services entre voisins.
À ce moment-là, j’ai compris : chaque objet sur lequel elle s’att**dait n’était pas qu’un simple objet, mais un fragment de sa vie, un souvenir qu’elle revivait.
Si vous avez moins de 60 ans, vous ne comprendrez peut-être pas encore. Vous n’avez pas assez vécu. La plupart d’entre vous n’ont pas encore dû placer leurs parents en maison de retraite ou vider leur maison. Vous ne réalisez pas que les heures passées à choisir le bon carrelage ou la cuisine parfaite ne seront pas ce qui comptera le plus avec le temps. Ce qui restera, ce seront ces petites choses chargées d’émotion : un porte-brosse à dents sculpté à la main, une photo prise un été lointain.
Alors, si vos parents déménagent, réduisent leur espace de vie ou vendent leur maison, laissez-leur du temps. Ces objets que vous jugez insignifiants sont les témoins d’une vie. Pour eux, c’est un dernier adieu à leur passé, une prise de conscience que la fin approche, pendant que vous êtes encore en plein dans votre propre course.
Aujourd’hui, en triant mes propres affaires, je réalise combien il est difficile de se séparer de certains objets. Mais la vie continue, et on finit par comprendre qu’ils ne sont que des choses… sauf que parfois, ces choses nous réconfortent.
Alors, faites preuve de patience avec vos parents ou grands-parents. Écoutez leurs histoires. Un jour, dans 40 ans, quand vous serez à leur place, vous vous souviendrez du jour où vous les avez pressés… et vous regretterez, surtout s’ils ne sont plus là pour leur dire : « Je suis désolé… je ne comprenais pas encore. »