art-chignaned

art-chignaned C'est une petite flaque crée au départ pour la Grenouille, un peu en sommeil aujourd'hui mais le

La page de la grenouille qui sommeille et que veille à entretenir le dit Serge Mathurin THEBAULT en attendant son réveil

25 mai 2025  Je ne pétille pas. Non, non, je ne blague pas. Il y a comme une lassitude accrochée au crochet du cervelet....
25/05/2025

25 mai 2025

Je ne pétille pas. Non, non, je ne blague pas. Il y a comme une lassitude accrochée au crochet du cervelet. Une sorte de ouate grise, poisseuse, flotte dans l’air. La garce tente de hisser un drapeau noir, celui de la désolation sur le plancher de mon bastingage, marin.

Je me laisserai pas faire ! Pas KO, le Thébault, tant que sang coulera entre ses veines bleues, l’optimisme dirigera la boussole..

Bon, pas trop à s’inquiéter, le fou connaît le versatile de sa nature. Depuis longtemps, déjà, il use à satiété, des remèdes que lui prescrivent, sensations et émotions, pour remettre d’aplomb sa carcasse lunatique. Il suffit qu’il se concentre sur un coin de lèvres, sur un voilier lointain, un brin d’herbe proche, et hop, le mouflon retrouve son goût pour l’ascension, son appétit du, là-haut, où tout est bleu, apaisé, mirifique.

Pour l’instant, ce n’est pas gagné, je mouline, un peu, pas trop, dans la semoule du languide.

Alors, volontaire, buté, opposant des idées noires, je fabrique mon puzzle, un spécial. Il ne comporte que trois éléments. Les pièces ne s’imbriquent pas entre elles. Aucun paysage champêtre ou urbain, sujets récurrents du genre, n’illustreront l’affaire. Non, trois scènes volées, au zinc du passé, sur le comptoir du présent, suffiront pour sa composition. C’est tout ce que j’ai à offrir, aujourd’hui.

***

1

Indécrottable distrait, j’entre dans la loge, sans frapper. Je la crois, inoccupée. Un cri m’accueille. Une comédienne, torse nu, illico, couvre, de la paume de ses mains, ses beaux seins blancs, laiteux. Je bredouille, bafouille, piètres excuses. Je ressors de l’endroit, confus, sans avoir récupérer mon carnet d’écriture, objet de cette désinvolture. Pourtant, la belle, je la vois, souvent, en ce moment, entièrement nue, interpréter un rôle. Elle se balade, même, parfois, à poil, sans gêne, dans les coulisses. Elle joue une autre. Dans le feutré du recueillement, elle est. La pudeur est la fleur de l’âme.

2

La nouvelle serveuse, visage angulaire, encadré de bruns cheveux mi-longs, arbore une généreuse poitrine sur laquelle repose une médaille pieuse. Un fessier charnu, enclin à la générosité des formes, en ajoute à son charme. On dirait, habillée, une Vénus renaissance. Malgré Me too, le physique semble, encore, pour la gent féminine, un critère de recrutement pour accueillir le client. Je dis ça, je ne sais pas, une impression

Après-midi morose, nous sommes seuls à l’intérieur du bistrot. Entre deux de ses escapades entre son zinc et la terrasse, raison service, nous causons. J’apprends que la demoiselle affiche vingt sept printemps. Elle paraît plus jeune Elle vit, en colocation avec une copine, à quelques kilomètres d’ici, vient au boulot en bus ou covoiturage. La jolie n’a pas de permis. Elle ne fera que la saison. Elle aspire à travailler dans un autre domaine. L’animal l’intéresse. Surprise, l’affable se prénomme Juliette.

Le soir, je lacère au canif ma résolution de ne jamais appeler, en premier, la parigote. La manuelle intellectuelle répond, s’étonne de ce coup de fil, inattendu.. Je lui confie la poétique raison de mon appel, cette rencontre d‘une fille qui porte son prénom, et qui comme elle, lors de notre rencontre, officie dans un bar, en attendant une situation qui lui sied.

Elle raille, gentiment, mon côté fleur bleue, de voir signes dans tout ce qui m’arrive. L’espiègle tempère : « Les Juliette ne discutent pas qu’avec les Roméo ». Elle s’exerce au bon mot.

3

Vu Mike, le basque, (dominical du 23 février), je le trouve amaigri. Je l’interroge sur sa santé. « Alors, le résultat des analyses ? ». Je ne sais pas, je ne ne les ai pas consultées » répond-t-il avant d’ajouter : « un anar doit savoir jouer à la roulette russe ».

***

Ces trois grains, je les tire du quotidien. Je les incise sur ma peau rien que créer dimanche. Ils entretiennent, comme tous les autres auparavant, depuis quarante ans déjà, le vaisseau, aujourd’hui, vermoulu Je livre, sur vos quais, la dernière carg*ison de sa cale.

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L’EXISTENCE N’EST QUE PATIENCE

L’inspiration est dehors. Elle flotte dans l’air sans que je puisse l’attraper. Je n’en suis pas pour autant marri. Je n’ignore pas que mon agitation vaine, de coller un mot derrière un autre, pourrait attirer son attention. Alors, j’écris, sans énergie, ma petite gamme sans saveur. Tête embrumée, doigts courant sans passion sur le clavier, j’existe, pas fringant mais j’existe. J’amène au milieu de ce vide, une piètre image érotique, un nu, entre mes bras, tenu. Elle ne revient pas pour autant, la muse. Alors, je pioche au fond de mon urne, une émotion éteinte. Je tente la réanimation, je n’y parviens pas. Sans la présence d’une force créative, aucune résurrection n’est possible. Je cause d’une difficulté. qui n’en est pas une Il suffit du frétillement d’une herbe exerçant sa tige au métier de danseuse ou de toute autre candeur, pour que s’emballe à nouveau la machine insérée dans le cortex de mon cerveau. J’attends. L’existence n’est que patience.

***

JOYEUX LIÈVRE

Sur l’aplat du toit d’ardoises, pose, sainte rieuse, une mouette. A droite, l’aube lève sa robe communiante et l’ensorcelée y fait jaillir un sang orange qu’épanche un ciel, fabrique d’anges A gauche, plus sombre qu’une ruelle d’égorgeurs, un touffus bloc d’arbres, en leurs branches enlacées, apporte toute la subtilité de la contradiction.

J’ai cueilli l’image étrange dans un songe où encore, tout à l’heure, j’y posais mes hanches dans la voluptueuse délicatesse d’un corps lascif. J’échappais, joyeux lièvre, à la dictature des genres, à toutes, d’ailleurs..

***

BUVEUR DE BLEU

Avec du gris
sur la tempe
et du soleil orgeat
dans les cheveux

L’homme s’en allait
cahin-caha
boire un fût de ciel bleu
dans l’arrondi des talus

***

CENDRES

Le vent enivre les astres

Au dessus du pointu clocher
la lune semble tituber

Dans l’aisance du silence
flotte plume
une feuille
détachée de l’arbre

Je vis tout
au sein de l’obscur
la languide lumière
du réverbère
la féerique de la luciole
les cendres de l’humaine

Serge Mathurin THÉBAULT

18 mai 2025  Ludovic, blond cendré, pas vilain garçon, mécano de son état, usait d’un art particulier. Il passait de lon...
18/05/2025

18 mai 2025

Ludovic, blond cendré, pas vilain garçon, mécano de son état, usait d’un art particulier. Il passait de longs moments, à les respirer, à les priser jusqu’aux tréfonds de ses narines, et à les rejeter, béat, d’un souffle, les effluves marines.

Cette façon de respirer lui donnait un air nigaud, insolite voire inquiétant. Les moutons de la masse n’appréciaient, guère, cette manière singulière de sniffer, l’air commun. Les grég*ires le snobaient, méprisant son attitude et son statut social. Il s’en foutait, royal. L’aigle plane, l’ovin paît

Dans ce peu de temps, où j’eus cette chance inouïe de fréquenter ce rebelle inapte au jeu du faux, je me sentis, moins seul, à jauger l’existence sous un autre angle que celui imbécile du profit et de son disciple, le plaisir immédiat..

Un banal accident de la route lui ôta cette insolence de déplaire. Une chute de moto l’envoya illico, je pense, je crois, au carré des anges. Il n’avait que vingt deux ans.

Hier, j’écartais, moi aussi, les trous de mon tarin, pour mieux recevoir l’ivresse de l’iode. Quand, soudain les traits de son visage se superposèrent à la sensation. Je ne suis pas un fan de l’affect, je vois plus haut, mais il fallait qu’il soit avec nous, pour me la faire, légère, l’obligation dominicale. C’est fait.

J’inhale un parfum de romarin. Je ne sais pas d’où il provient. Je cale mes pas sur la courbe d’un chemin.. Il n’y a plus qu’à me suivre même si j’ignore, toujours, le final de la destination. Une fée espiègle entraîne son idiot. La princesse gredine occupe presque toute la surface de sa carcasse déglinguée.

Au fil du temps, la malicieuse y a tissé, patiemment, sa toile, du plancher jusqu’à la soupente du grenier, celui de sa trogne anachronique. Elle l’a agité, le bras tordu, affiné le flair du nez grossier. L’ensorceleuse n’a pas lésiné pour mette en éveil les sens du corps, prisonnier, afin qu’il ressente toutes les subtilités entre le vrai et ses copies. Saoulé, elle l’a, de frissons jusqu’à l’enivrement. La friponne fit danser les enchantements au milieu des pires emmerdements.

J’écris comme je cause et si cela vous paraît fleuri, c’est mon étrangère, tapie au fond de mes entrailles, la coupable. La cheffe d’orchestre dirige la manœuvre, agite sa baguette, tente le concerto sans se soucier du rendu. Elle crache le miroir et son envers, de nos vies communes, trop souvent reptiles.

Je me relis. Ne me suis je pas laissé emporter ?

Non, je suis raccord avec les mots que muse glisse entre mes doigts. Je n’ajoute rien, ne retire rien. Je vous laisse apprécier ou non.

Cela n’empêche pas d’expédier, comme chaque semaine, mes affaires poétiques. Je vous envoie, donc, la dernière cueillette des fruits de mon verger.

Je suis convaincu que je ne suis pas le seul à appréhender le monde autrement que par la lorgnette du lucratif, de la concupiscence, de toutes les facettes clinquantes d’un système flattant le médiocre pour empêcher tout envol. .

Je me trompe, sans doute, peut-être. Je ne crois pas. Votre fidélité fournit les preuves de mes dires.

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JE N’ÉCRIS PAS QUE POUR ÊTRE LU

Voilà ce qui bleu et blanc, traité par le filtre d’un cerveau dérangé, devient multicolore, apportant au corps, à l’esprit, sa rasade de félicité. C’est le moment ultime où tout ce qui se fit ombre devient lumière, où par une force inexplicable, vous échappez à toutes les pesanteurs, surtout l’humaine..

C’est ainsi que vous comprenez, qu’il n’’y pas d’explications à donner d’avoir vécu ainsi une vie durant, contre, tout contre les systèmes ennemis de l’élévation.

Et malgré toutes les épreuves subies, vous ne retenez que les moments où, en solitude soleilleuse, vous avez frôlé, jusqu’à la transe, le suc de la vraie vie dont vous entretenaient les aînés.

Vous n’avez plus aucune attache avec ce monde hypocrite, plombé par l’attrait de l’argent, pivot du pouvoir. Je répète. Je n’écris pas que pour être lu, absolument. J’écris pour vivre en poésie.

***

DÉSERTE

Déserte enfilait des perles, sans savoir, ingénieuse ouvrière, qu’elle créait un collier d’or. Le fil, elle le tenait du ciel et ses graines de bijou se coloraient de toutes les teintes, qu’elle saisissait, voleuse pie, au gris aux fenêtres, au vert de l’arbre du courtil. Toutes les autres, elle les kidnappait là où elle pouvait en l’absence du patchwork coloré, les habits des passants. Déserte était la rue.

***

SEIN ROMARIN

Vu de près, le petit sein romarin en sa fraîcheur juvénile.

***

RAPPORTEUR DU RIEN

Café librairie

Gamin feuillette
une bande-dessinée

Une baffe émet
le timbre suave
d’une voix
dans un halo de notes

Chanteuse de Jazz

Parlotent -toujours fric -
des octogénaires
cacochymes

Je sirote café quotidien

« Troublante » chuchote
un vieux beau à un autre
quant tout-à-coup
vint à passer
une jolie fille sexualisée
par une robe moulante
plus humaine
que ses formes

C’est bien
ce goût là que j’ai :

rapporter
sans commenter
le rien qui compose la vie.

***

UNE FRONTIÈRE

Ciel de cuivre sur toits gris

Grasse la besace
des nuages bas

Un branche nue crée une frontière
entre la pièce du couvent
et la maison d’en face

Serge Mathurin THÉBAULT

11 mai 2025  Moi, bouffon, quand je caresse avec mes doigts courts, si ridiculement petits, la surface d’un pétale de ro...
11/05/2025

11 mai 2025

Moi, bouffon, quand je caresse avec mes doigts courts, si ridiculement petits, la surface d’un pétale de rose, je me sens toute chose. J’atteste. Lorsque j’effectue le geste anodin, en état de contemplation, le corps tout tendu vers le merveilleux, je quitte, illico, le plancher étroit et vache. Je file, droit, vers la grotte de la félicité.

La fleur évoquée n’est pas la seule à m’envoyer m’ébrouer au septième ciel Un puits, un muret, la rugosité de leurs pierres, la douceur de leurs mousses, le nu d’une peau féminine, mille autres supports permettent, aussi, les fantastiques enchantements.

Il suffit que la grâce se pose sur le dos du forçat, que celui-ci, capable d’efforts inouïs, pour être libre, prolonge ses effets. Une musique, dès lors, s’empare de son silo à neurones, lui envoie de tels éclats lumineux, qu’une force intérieure, à son insu, rédige, poèmes et proses, pour rendre compte de ces métamorphoses.

Elle ôte au prisonnier, un instant, les lourdes chaînes matérialistes. L’enjôleuse le confie tout entier à la joie du vivre, pulvérisant, après utilisation, toute sa mélancolie.

Je me targue de vivre ainsi, d’échapper à la règle mesquine, la mercantile, de foudroyer, quelques secondes, la fatalité du médiocre..

Donc, pas à plaindre, le Thébault. Gaussant toutes les échelles et leurs tristes hiérarchies, leurs bonheurs arrangés, l’idiot - sans savoir comment et pourquoi - se paye les belles tranches de l’existence, entre transes et patience.

Avec ses complices les Serge et Mathurin, l’ours monacal emplit ses poumons de l’oxygène véritable. Le plantigrade, insensible aux envies des assis, développe les siennes. Elles caracolent sur un front d’étoiles, prônant le beau en toutes réalisations. La possession est son ennemie.

Cette posture chasse le superflu, renforce le lien ténu avec l’essentiel. Celui-ci s’imbibe au sel du mystère et décrotte la cervelle, des fausses questions existentielles..

La générosité est devenue le bâton, maréchal, de son chemin, anormal. Incroyable, un roitelet niche et gazouille, toujours, au centre de son cerveau. Les emmerdes, même, deviennent sujets à l’inspiration. Aucunes aigreurs, ne finalisera cette joyeuse échappée, aucuns remords, non plus..

C’est fini. Le diablotin s’est affranchi définitivement du jugement de l’autre. Il vit en poésie. Alors, il continue, dimanche, à envoyer les grains de son grenier, sans réclamer prébendes, moine s’étant pris au jeu du partage..

Enfin, lecteur, visualise... Nous sommes parvenus au bout de la digue qu’avale un ciel blanc et bleu. L’immensité nous dévore. Une nuée insolente de mouettes et de goélands s’ébat, ailes déployées, voiliers de plumes.

C’est l’image insolite. Elle traverse mon écran, funambule. Je te la fais parvenir, dans l’espoir, peut-être, vain, qu’elle fasse le même effet bienfaisant sur ton corps et ton esprit peut-être, fatigués, que sur ma carcasse éprouvée. L’espérance s’avère la marotte des poètes.

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PLÉNITUDE IRRATIONNELLE

C’est à partir d’un fond de ciel gris, que je percute la page, avec un tas d’émotions brouillonnes, dans lesquelles je tente l’équilibre, en essayant d’y lisser une clarté de leurs effusions.

Je me sens, soudain, anxieux. Vais-je parvenir à rendre dans la précision de son émission, ce que langue bleue me transmet ?

Ce doute chasse la création ou plutôt la modifie tant dans son sujet que son impression. Je ne parviens pas pour autant à suivre la fluidité des phrases traversant le cerveau. Je les touche à peine, n’en fige aucune. Je deviens, sans parvenir à le graver, un spectateur, ahuri et inquiet de ce torrent de sensations, affaissant le barrage ridicule qu’est le regard de l’autre.

Et sans parvenir à quelque chose de tangible, de façon presque irrationnelle, une plénitude emplit d’un gaz euphorique, ma cellule cérébrale..

***

PLUS SOLEIL

Lorsque je vis intense
la cicatrice de la pierre
j’entretiens commerce
avec les signes
au milieu des traces
qu’ils essaiment
autour de moi.

Lorsque je parviens
à cet état
je suis plus soleil
que mon printemps

***

L’ENNUI...

L’ennui…. Je le visualise dans la prairie de l’autre, jamais dans la mienne. Une profusion de sensations, d’émotions à peine croyables, chasse l’inopportun de mon carré.

Il n’y a pas une seule journée que je sente perdue. J’accueille, matin, pèlerin, comme nouvelle aventure..

Sous quelle forme s’exprimera le subtil, une main, une pierre, un merle, un sourire, un volettement de poussières sous la corolle d’une fleur ? Ma corde sensible sera-t-elle assez tendue pour recevoir les métamorphoses invisibles et les transcrire sur papier ?

Ces questions demeurent les seules que je me pose, en attendant que vienne l’étrangère-création, enfouie dans les replis de mon domaine, exprimer l’indicible. Il n’y pas d’existence plus jouissive que celle-là, ni de plus accomplie..

***

LE MERLE

Ciel chiale
larmes lumineuses

Elles se diffusent
dans le feuillage dru
d‘un chêne

Puis en ressortent
jets lumineux
sur les vitres
des porte-fenêtres
d’une demeure cossue

Un merle sautille
sur la margelle d’un puits
faisant office de décor

Le vrai cherche sa place.

***

HORS DU SOIR

Hors du soir où je ne suis plus, je trie, tige par tige, la plante du vertige. J’apprends le don d’aiguiser le rien jusqu’à l’os.

Serge Mathurin THÉBAULT

4 mai 2025Nul ne pouvait pas s’y prendre plus mal que l’ânon de ses lignes, pour vivre au milieu  du consumérisme, encro...
04/05/2025

4 mai 2025

Nul ne pouvait pas s’y prendre plus mal que l’ânon de ses lignes, pour vivre au milieu du consumérisme, encroûté de normes et de babillages où s’expriment, en toute tranquillité, le médiocre et ses avatars.

Il fit des choix, pas judicieux mais audacieux, sous l’hégémonie financière. Écrire, en ôtant de l’affaire toute notion de carrière et du plaire, cela s’avérait gageure. Dire un non sonore à ce pataquès du clinquant, cela relevait de l’arrogance, interdisant un avenir social, radieux. Têtu, il s’y tint à ses résolutions, anars.

Je décris, trois lignes, la difficulté du périple. J’en rajoute pas. Je ne m’étends pas sur ce besoin viscéral de solitude, ce refus de promiscuité quotidienne, qui fit passer le zozo pour un drôle d’asticot. Il y aurait pensum à disserter là-dessus, surtout pour expliquer, cette vacharde nécessité d’être, libre, pour aboyer l’éternité..

Le bourricot avait son idée, pas mortifère, plutôt sublime. Une idée ? Non disons plutôt une intuition, genre sensation. La coupable occupe, toujours, reine, son grenier dévasté. Elle pousse, hue que diable, l’équidé. Elle fidélise sa route au choix premier, aimer au sens universel.

L’amour n’est plus qu’un programme marketing apte à satisfaire l’étriqué et ses valets, vanité et suffisance. Il se fait à deux, paraît-il. C’est parjure de l’envisager, autrement. L’absolu a perdu sur la table d’opération mercantile, toute sa réalité, et donc, sa féerie..

Je gu**le et peste. J’ai le droit ! Je m’y ferai jamais, moi, à cette étroitesse de l’esprit. J’ai besoin d’inaccessible pour activer mes pas. La transcendance est fille de mon chemin. Je navigue ainsi, à sa recherche. Je refuse le mesquin sécuritaire, la veulerie, inéluctable. Je suis ainsi, un couillon qui à l’instinct, évite les coups des prédateurs.

Bon, j’emmerde, peut-être, sans doute, certain, avec ma vaine soufflante contre le monde marchand, flatteur de vices. Je corrige le tir. Je l’amène où ?

Il y a un trou dans la fenêtre que comble un carré de carton. Un réchaud aussi vieux que Mathusalem, répand et grogne une chaleur sans effets dans une pièce presque nue. Un toit de tôles couvre l’endroit.. Quatre ou cinq pouilleux, y dorment, à même le sol. Ça caille. Malgré un sac de couchage, je claque dentines. Morphée me refuse sa visite. Les autres, habitués au froid, accordent leurs ronflement à celui du poêle.

La veille, j’en ai rencontré un, un sans domicile fixe, centre Paris, qui m’a invité, sans chichis à partager son galetas provisoire. J’avais perdu clefs domicile d’un ami. Je suis singe, moi. Je suis signe. J’ai accepté tout de suite, mon goût de l’aventure, sans doute.

Le g*illard des cicatrices d’avant-bras, n’émettait aucun mauvais signal à mon sonar de survie. Il m’a mené, droit, dans ce fond de l’est de la banlieue parisienne, dans un petit hangar, divisé en box, squat du moment.. L’accueil fut frais. Les collègues n’apprécièrent pas son sens du partage. Il fallut le rusé du verbe et l’aide de mon bienfaiteur, roulant les épaules, pour que les patibulaires acceptent la visite impromptue. Il fallut surtout que je me mette à réciter les vers d’Apollinaire, le solaire, de quelques autres. Je fis acrostiche à l’un d’entre-eux. Il fut ravi.

Le groupe m’a ramené le lendemain, vers la capitale, copains cochons. Les heurts du soir étaient oubliés, claqués bulles dans les brumes des zones artificielles. Leur gourbi était le mien. Le trouvère était adopté. Il pouvait revenir quand il voudrait. Il n’eut pas besoin.

Je dormis, rarement, sur la dalle de l’échelle sociale, où s’éteignent les râles des rejetés aux mains faites pour les clous. Façon épisodique, aussi, je me retrouvais, interloqué, chez les privilégies aux quenottes dessinées pou les gants de soie. En général, je vécus au milieu des quidams de la « vie normale », certes, mais immunisé contre leurs rêves matérialistes et leurs cocons grég*ires

Je tape métaphore. Je vécus piaf, voletant d’un if à l’autre. Je persévère J’écris, dératé, lorsque tous les lampions clignotent au vert et quand par une grâce dont je ne suis pas le maître, j’essaie de vous emmener à partir de la treille de mon jardin, vers les nuages, là haut. Tout çà dimanche car dimanche est jour du Seigneur (sourires).

******************************

VERTICALEMENT SINCÈRE

Et j’écris, sans répits, mon mépris pour la chose humaine, quand elle s’englue dans la compétition des prix et des honneurs.

Je pris, jeune, en horreur, ces artifices. D’autres, plus intelligents que moi, s’y sont faits à cette fausse vie que promulgue le pouvoir. Malgré sollicitations, trop verticalement sincère, je m’interdisais de me faufiler dans ce bouillon d’hypocrisies et de compromissions serviles, sordides, afin de ne jamais perdre de vue, l’essentiel de ma recherche, qui est aimer et non, être aimé..

Je ne cherche pas une place. J’ai trouvé la mienne, anonymat, en pays solitude. J’y réalise mon rêve, sans pour autant le définir.

C’est ainsi que chaque matin, quatre ans après caillou et le frôlement chaste de la mort, j’acquiesce, malgré les erreurs, sur tout ce qui fût entrepris car je n’écris pas pour être lu mais pour vivre, plus intensément, en état de poésie, la vie donnée.

***

LE BESTIAU

il n’a pas à plaire. On prend le bestiau, en bloc.. On ne fignole pas son tempérament.. Gloire, succès, célébrité, il s’en fout, royal. Il est détaché de tous pouvoirs temporels. Il quête absolu. D’une pierre, il est le corniaud. Les salamalecs déplaisent à son museau. Pas achetable, pas modulable, le non est sa réponse familière. Le joufflu tordu cherche le frisson, le véritable. Autoportrait, il convient à tous les étages de mon âge.

***

PREMIER MAI

Ombre du verre
de houblon
sur le papier
quadrillé
du carnet spirales
celle du pied
exactement

Frémit l’oison
printemps
sous la nervure
des aubépines

Ciel crache
des noyaux
de soleil
que seul voit
l’illuminé

***

LA COURBE

A quoi je pense
quand je penche
la hanche
d’une phrase
vers le dodue
de la virgule ?

A rien à rien
j’assure

J’accompagne
la courbe.

Serge Mathurin THÉBAULT

27 avril 2025Je vous salue de là haut, ici, sur mon perchoir à zoziaux et j’y suis bien.  Le coq, déplumé, dodeline de l...
27/04/2025

27 avril 2025

Je vous salue de là haut, ici, sur mon perchoir à zoziaux et j’y suis bien. Le coq, déplumé, dodeline de la tête, à droite, à gauche, serein. Subitement, d’un coup de bec, le gallinacé, imprévisible, picore, un bleu à sa portée. C’est celui qui barbote dans le ciel, créant une mare, productrice de rêves. Le mâle de la poule est, je suis, angéliquement, heureux.

Certes, je ne suis pas le maître de la basse cour.Tant mieux, le pouvoir est le plomb, empêchant tout envol. Non, moi, j’officie au bas de l’échelle, presque discret, à part, solitaire, tout confus de mes bizarreries.

Je me gargarise de ce don d’observer le grég*ire de la volaille, incognito. Je m’immisce, bouille bouchère, bras tordu, cervelle ébréchée, au milieu du fatras. Je m’amuse et me désespère. Je traque l’hallucination. J’écris pour en rendre compte, dimanche.
J’invite (je radote) à un voyage, un pas classique, un ambitieux, un qui n’indique aucune destination précise, un qui ne s’englue pas dans la réclame commerciale d’un tour opérateur, un qui ne cherche pas à satisfaire que les envies grossières. Intérieur est l’adjectif qui le précise.

Aux confins du moi-même, en accord total avec l’existence vécue, je continue, polichinelle g*i et triste, à marteler cette possibilité, ancrer nos vies à ce joyau véritable.

Nous causons entre garçons. J’aime bien quand F., pianiste, parle fesse. Le bellâtre utilise un vocabulaire qui pour être parfois cru, n’est jamais vulg*ire. Lui, il cumule les succès féminins. Il présente la gu**le pour l’emploi. Un battement de cils et hop, la proie est sous le charme. L’énamourée ira où il voudra, et d’abord au pieu. L’artiste adore la gymnastique inhérente aux ébats sexuels. J’exagère mais pas tant que ça...

Pour ma pomme, c’est plus compliqué. Il y a acrostiche ou mot doux, d’abord puis parlote, pour faire oublier ventre et coude, disgracieux. Ça peut durer des heures.Le résultat n’est pas assuré. Parfois, même, j’oublie l’objet de mes efforts. Je navigue dans le doré de mes étoiles. Je laisse en plan, au moment de conclure, la convoitée, toute décontenancée.

Oublions les fiascos du lourdaud, mon copain narre, j’écoute. O., fille, que je côtoie aussi, cheveux auburn, élancée, cheveux mi-longs, comédienne canon, accorde les cordes de son corps instrument à ses doigts musiciens. Elle baise, avec lui, pour parler crétin.

Il décrit ses appâts, seins virgule, ventre plat, hanches de cœur, bouclettes friselis épanouies, en triangle, sur le p***s. Il ajoute mille autres détails croustillants de son anatomie pour, éventuellement, provoquer l’érection chez l’auditeur dont celui-ci : un grain de beauté trône, au bas du dos, à la jonction des lignes courbes de sa raie culière. J’imagine. Je m’en fais tableau. Je m’y verrais bien colombin de la colombine pour admirer le diadème.

Une semaine, plus t**d, taverne grise du côté Port Royal, moi, sa belle et quelques autres supporters saltimbanques buvons, sec et fort. Nous assistons à un concert. Casanova joue avec son groupe, une musique bossa-nova.

L’alcool transforme un pudique en audacieux. Je lui fais part, à la demoiselle, de la confidence de son amant. Pompette, elle sourit . « Tu veux le voir ? », propose l’effrontée. « Pourquoi pas ? » Illico, prétexte cigarette, prenant le bras du pataud, elle l’entraîne dans la ruelle sombre. Dans un coin à l’écart, sous la lueur faiblarde d’un néon de réverbère, elle baisse ce qui faut du pantalon et du slip pour dévoiler l’astre noir. « C’est tout con, un poète mais si cela t’inspire » pouffe-t-elle avant de rajuster ses affaires

Le cocasse accompagne les rêveurs. Je tire l’anecdote du tiroir de ces années finissant le dernier millénaire. Elle eut lieu lors d’une soirée, veille pascale. Je fréquentais, assidûment le milieu des comédiens et des musiciens, les aimantés par l’hypothétique gloire et son vide, la célébrité. Je m’en suis tant saoulé de leurs chimères que je mis un pont entre cette confrérie et moi, tout en lui conservant une affection, réelle.

O. avait raison, le poète est nigaud. Autrement, pourquoi ferait-il dominical, pourquoi écrirait-il sur ce tout qui échappe à la veulerie humaine ? Je pose question. Je vous laisse répondre. J’envoie, attendant réponse, ma cueillette de la semaine.

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NO ADULTE

Ce qui se traque dans les ténèbres, ce qui afflige chaque souffle d’un raclement de gorge, c’est de ne pas ressortir, sur la page, jusqu’à la précision, une émotion reçue.

C’est qu’on intellectualise trop, que le paraître, dans sa parure fausse, vous manipule d’envies médiocres et pire, que la sotte sécurité occupe encore quelques arpents de votre cerveau.

Que de fois, il m’est arrivé de céder à un découragement, de ne plus avoir la foi d’être fou, d’imaginer imiter l’autre, dans l’agitation de son immobilisme. Ce fut bref mais douloureux.

Je m’éloignais du chemin assigné. Je ne répondais plus aux invitations de l’étrangère, en moi, ancrée, la création. L’exigeante locataire me fit vivre le suc de l’existence. Sans elle, il n’y aurait jamais eu de transes.

En fait, je ne suis jamais parvenu à entrer dans l’enclos de l’adulte.

***

RÉCALCITRANTE

« Sa**pe, co****se, p**e etc... », Je l’ai invectivée d’un vocabulaire fleuri. J’eus beau la bouger, la mettre dans les endroits les plus insolites , presque en déséquilibre, aucun résultat, la garce verrouillait l’harmonie. Alors, après maints et maints efforts, front suant, je pris la décision qui s’imposait. Je l’ai retirée de la phrase, la virgule récalcitrante.

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CHAUSSE-TRAPPE

Nous sommes tombés dans la chausse trappe, être aimé. Il faut se relever, et rependre le chemin entrepris car aimer, seul justifie l’opération d’écrire, tant dans son rejet du médiocre que sa soif d’élévation.

***

RACCORD

Avant que
douce
ne touche
l’épiderme
d’une phrase

Avant que
n’accouche
une sensation
sur le quadrillé
du papier

Meurt
un instant unique
si bref
que la pensée
ne peut le contrôler
où enfin divin
vous êtes raccord
avec ce moi
et l’univers.

***

SEUL MOI

Seul ? Moi.. Non, pardon, vous oubliez les étoiles nichées dans ma tête.

Serge Mathurin THEBAULT

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Auray
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