
01/06/2025
Poser le regard.
J'aime revoir les lieux que j'ai aimés, pour certains j'y reviens régulièrement. Pour d'autres, plus éloignés, ce sera plus difficile, mais j'y parviens souvent. Je ne collectionne pas les visites, pour les seules églises romanes une vie n'y suffit pas. Et je ne crois pas à ceux qui soutiennent que l'on pourrait parcourir toute une région en une semaine pour tout découvrir.
Et puis par-dessus tout j'aime voir par moi-même, prendre le temps. Mon appareil photo est mon fidèle compagnon, souvent irremplaçable pour saisir des instants suspendus. Quelles que soient ses performances, il ne remplacera jamais les qualités de l'œil. Mais au moins en revoyant les images, je retrouve toutes les sensations et une forme de bonheur à la contemplation. C'est ce que j'aime partager avec autant de sincérité et de vérité que possible et c'est la raison pour laquelle j'ai du mal à suivre ceux qui racontent l'art roman sans s'en être imprégné.
Ce mois de juillet, je suis revenu à Vézelay. Je voulais revoir le grand portail entre le narthex et la nef, car je ne l'avais pas revu le temps des très longues restaurations qui en gâchaient un peu la beauté.
J'aime la route qui va à Vézelay, je passe par les départementales, des vignobles du chalonnais , devant la vénérable église de Saint-Aubin puis, au milieu des collines verdoyantes jusqu'à Saulieu et ses sublimes chapiteaux. Une petite halte à Sainte-Magnance et à nouveau la route entre coteaux et rivières jusqu'à ce qu'enfin la colline éternelle apparaisse, couronnée de la majestueuse abbaye aussi grande qu'une cathédrale.
J'aime le village, ses maisons anciennes qui ont attiré tant d'artistes et d'écrivains, ses jardins suspendus, les roses trémières qui débordent sur les pavés ; de la végétation qui dégringole des façades de pierres. Je choisis les rues de côté, elles sont désertes, on grimpe avec calme au sommet de la colline, et là, la basilique apparaît au dernier moment, éclatante sous la lumière.
Toutes portes ouvertes, on pénètre dans le majestueux narthex qui impose déjà la solennité du sanctuaire. Comme terrassé par le regard sévère du grand Christ, mais emporté par la ferveur et l'abondance du décor ; on se perd de longs instants devant la contemplation de l'une des plus belles perspectives de l'art.
Vezelay Juillet 2024.