13/12/2024
Tout savoir sur l'affaire Papon
Il existe deux sortes d’historiens : ceux qui copient et encensent les œuvres de leurs maîtres et parviennent aisément à l’Institut de France, et ceux qui, chercheurs inlassables, ne se satisfont jamais des sources imprimées, des vérités partielles et des témoignages de circonstance. Ceux-là sont de robustes emmerdeurs dont les bien-pensants se méfient comme de la peste. C’est à cette seconde espèce qu’appartient Michel Bergès.
Concentré depuis un demi-siècle sur l’étude de la police, de ses pouvoirs et de ses ramification durant la 2° Guerre Mondiale, il n’a cessé de chercher à comprendre ce qui était caché au cœur des hommes et des choses. C’est ainsi que sa curiosité toujours avide l’a poussé, avec l’aide de son ami Jean Cavignac, à tromper la vigilance du conservateur des Archives Départementales de la Gironde, le scrupuleux Jean Valette, et à mettre à jour ce fonds inestimable que constitue l’intégralité des documents sur la déportation des Juifs à Bordeaux, ce qui sera plus connu sous le nom d’affaire Papon.
D’abord parce que depuis le XV° siècle, Bordeaux accueille des Juifs, parfaitement intégrés à sa vie intellectuelle et économique, et composant une communauté importante, ensuite parce que la situation géographique de Bordeaux a fait que beaucoup d’ashkénazes, fuyant les persécutions, se sont réfugiés à Bordeaux, à la fin des années 30, enfin parce que, porte sur la zone libre, Bordeaux a constitué une véritable souricière pour tous ceux qui cherchaient désespérément à trouver un asile sûr.
Cette spécificité des victimes est la première des composantes de l’affaire Papon qui n’a guère été soulignée durant le procès qui a laissé une impression d’inachevé. Par la médiocrité générale des avocats, par les composantes du dossier que l’instruction n’a pas exploré comme l’aryanisation, certes prescrite, mais importante à décrypter, comme les diverses sensibilités locales, et comme le rôle plus que minime de Papon sans sa prétendue résistance.
Tous ces éléments, et quelques autres comme la fondation par Maurice Papon et Pierre Baudis d’une structure de financement politique à destination du RPR et de l’UDF, l’UNIDEC, qui dut certainement lui être utile à occulter un passé encombrant, seront présentés par Florence Mothe le 15 décembre à 17 h au château de Mongenan, à Portets dans l’avant dernière conférence de la série « Mes affaires sont les vôtres » au cours de laquelle elle raconte les dessous des affaires politico-financières auxquelles sa carrière l’a amenée à être mêlée.
Renseignements : château de Mongenan, 33640 PORTETS, : 05 56 67 18 11.
Visite à partir de 14 h, conférence à 17 h suivie de la dégustation gourmande des vins de Graves dela propriété. Entrée10 €.